Les Franco-Ontariens et les luttes scolaires: La crise du Règlement XVII*
Lettre d'appui de Henri Bourassa (avec transcription)

Montréal, 6 Novembre 1914.
Monsieur A.-T. Charron
Président de l'Association canadienne-française d'éducation
585, rue McLeod, Ottawa


Cher Monsieur,
L'autre jour, à Ottawa, je vous ai manifesté le vif désir que mes amis et moi avons de vous venir en aide, à l'heure et de la manière qui vous conviendront. Je désire qu'il ne s'élève à cet égard aucun malentendu. Nous ne voulons ni vous  compromettre ni vous embarasser. Inutile d'ajouter que nous n'avons pas la moindre arrière-pensée de profiter des malheurs et des embarras de nos compatriotes d'Ontario pour nous faire de la popularité à leurs dépens. Du reste, si nous n'envisagions que nos intérêts immédiats et les exigences de notre journal, nous n'avons aucun avantage à nous charger d'une tâche additionnelle.


D'autre part, l'indifférence, plus apparente que réelle, de la province de Québec à votre égard, me désole et m'indigne. Cette indifférence tient à maintes causes: intérêt des politiciens à étouffer la vérité, apathie ou prudence humaine de ceux qui ont pour mission spéciale de prendre en mains la cause des opprimés, oblitération dans l'esprit des classes dirigeantes du sentiment de la solidarité nationale et des véritables devoirs publics, etc, etc. Vous vous êtes adressés aux autorités les plus hautes et vous avez été éconduits, vous avez cherché à entrer par la porte principale et on vous l'a fermée. Pour rien au monde, je ne voudrais qu'il fût dit que persone ne vous a offert son concours.


Le jour où vous croirez que ce concours peut vous être utile, vous n'avez qu'à le dire; et nous nous efforcerons, dans la mesure de notre capacité d'action, de vous apporter ce concours sous la forme et à l'heure qui vous paraîtront utiles. Nous ne voulons pas, je le répète, vous embarasser mais vous aider.


A quelque moment que vous jugiez opportun et utile de faire appel à notre dévouement, n'hésitez pas à m'écrire. Nous nous entendrons alors sur le mode d'action à adopter et à poursuivre.
Veuillez agréer, cher Monsieur, l'assurance demon entier dévouement et de ma vive sympathie.


Henri Bourassa