Évacuations des civils et les causes des attaques navales allemandes contre les navires pendant la Deuxième Guerre mondiale
Miracles on the Water: The Heroic Survivors of a World War II U-Boat Attack

(traduction française)

...A midi ce jour-là, Heinrich Bleichrodt était au poste de commandement du U-48. La houle était forte, et il était difficile de voir, mais à travers son périscope d'attaque, Bleichrodt put distinguer quelques navires alliés qui se déplaçaient lentement. En se rapprochant, il trouva d'autres navires. Bleichrodt observa pendant un moment, puis ordonna à son équipage de faire un large cercle autour des navires. De son perchoir, il fut bientôt capable d'estimer la taille, la position et la vitesse de sa cible.
 
Il s'agissait d'un convoi important, bien plus grand que celui qu'il avait découvert et attaqué trois jours auparavant au large des côtes irlandaises. Ces navires naviguaient vers l'ouest, en léger zigzag, à une vitesse ne dépassant pas sept ou huit nœuds. Et, il y en avait au moins une douzaine de grosses cibles sur l'eau agitée.
 
Bleichrodt centra son regard sur la position centrale du convoi et sur la silhouette de ce qui semblait être le navire de tête. "C'est un gros", pensa-t-il. "Probablement un paquebot". En se concentrant, Bleichrodt pouvait voir des canons montés sur le pont du paquebot.
 
Heinrich Bleichrodt consulta ses officiers. C'était une cible attrayante, presque trop facile si la mer n'avait pas si agitée. Mais une chose les intrigua, un élément essentiel manquait à ce qu'ils voyaient au périscope : Où était le navire d'escorte de la Navy ?
 
Les hommes du U-48 n'avaient jamais vu un regroupement aussi impressionnant de navires naviguer sans une couverture de la Royal Navy. Rolf Hilse, l'un des radiotélégraphistes du sous-marin et le gardien du journal de bord de Bleichrodt, se demanda s'il n'y avait pas quelque chose de différent dans ce convoit de navires. "Il n'y a pas d'escorte", se dit Hilse. "Il navigue seul".

 

La vue du convoi avait rompu la monotonie de la journée et aussi piqué la curiosité à bord du U-48. "Ça n'a aucun sens", dit Hisle à quelques membres de l'équipage.
 
Ajax (Bleichrodt) n'était pas sûr de ce qu'il en pensait non plus, mais il décida de ne pas s'attarder sur la question. Bleichrodt n'avait aucun doute : le navire était une cible légitime. Il naviguait en convoi, il était armé, il était clairement le prix du convoi, long, grand et placé en tête. Pour Bleichrodt, l'escorte navale manquante était une curiosité -- rien de plus...
 
Ainsi, la discussion à bord du U-48 tourna rapidement sur le type d'attaque et le moment de celle-ci. Quand lancer les torpilles ? Les commandants des U-boats peuvent choisir d'attaquer depuis la surface ou sous la surface, selon les conditions du moment... Pour l'heure, la mer était trop agitée pour une attaque sous-marine, et la visibilité encore trop bonne pour une attaque en surface. Le U-48 pourrait être vu et devenir lui-même une cible ; le navire SS City of Benares avait des canons qui pouvaient atteindre la position du sous-marin de Bleichrodt. Enfin, une mer agitée pouvait perturber la trajectoire d'une torpille. Dans tous les cas, réfléchit Bleichrodt, il n'y avait aucune raison de se précipiter. Ajax mit donc le cap à l'ouest-sud-ouest, faisant passer le U-48 devant le SS City of Benares, et attendit le calme et la nuit. (p. 62)